L’association  « Stop Ambroisie », née il y a 18 ans en Ardèche, prépare son assemblée générale annuelle. Celle-ci aura lieu le mardi 25 septembre 2018 à 18h00 à la Mairie de Génissieux, dans la Drôme. En effet ces deux départements, Drôme et Ardèche, sont très fortement soumis à l’emprise de l’ambroisie. Cette plante, très nocive à la santé humaine, ne cesse de s’y propager. Nous sommes allés à la rencontre de Michel Mangin, secrétaire de l’association, qui a bien voulu répondre à nos questions.

Vous êtes secrétaire de l’association « Stop Ambroisie ». Pouvez-vous nous la présenter ?

Stop Ambroisie est une association Loi 1901, reconnue d’intérêt général (déductions fiscales possibles). Elle essaie, au niveau régional, de représenter et défendre les droits des malades. L’association a beaucoup œuvré pour la mise en place des plans départementaux de lutte, en interpellant les services de l’Etat, les Parlementaires, les décisionnaires de toute nature, l’Agence régionale de santé. Elle a apporté sa contribution aux 3 Plans Régionaux Santé Environnement successifs. Nous intervenons régulièrement auprès de la presse, écrite, parlée ou télévisée.

De nombreuses personnes connaissent l’ambroisie lorsque c’est une petite plante par rapport à ses feuilles caractéristiques. Mais l’apparition des grappes de graines en change l’aspect. Comment peut-on la reconnaître à ce stade où elle est la plus nocive ?

La plante a deux types de fleurs : des fleurs mâles, en épi peu dense en haut de la plante, qui produisent le pollen allergisant, et des fleurs femelles, très discrètes situées à l’insertion des feuilles en dessous des épis mâles. Les fleurs mâles sont jaunes quand on les regarde de dessous et qu’elles sont capables d’émettre du pollen, lui aussi jaune, soit grosso modo de fin juillet aux premières gelées.

Certaines communes de l’Ardèche et de la Drôme ont des référents « Stop Ambroisie ». Mais nous voyons encore beaucoup d’ambroisie dans les champs et sur le bord des routes. Sont-ils nombreux ? Quel est leur rôle ? Peuvent-ils vraiment être actifs face à une population pas toujours compréhensive ?

Toutes les communes concernées par un arrêté préfectoral, soit pour nous la totalité de AURA, sont incitées à mettre en place des référents ambroisie. Incitées, mais pas obligées ! Difficile de préciser le % de communes qui en sont dépourvues. L’idée est que le référent soit à l’écoute des citoyens, qu’il cible les zones touchées et voit avec les propriétaires et les exploitants agricoles comment empêcher la plante de fleurir. Ils ont aussi un rôle d’information vers les citoyens.

Ce sont donc des référents communaux, et bien sûr certains adhérents de Stop ambroisie jouent ce rôle. Il ne faut donc pas les limiter à notre association… Dans l’idéal, ils ont pu convaincre tous les gestionnaires d’un bout de terrain de détruire les plantes avant fin juillet. Dans la réalité, ils font des relevés à partir de fin juin, enregistrent des plaintes, et essaient de limiter les surfaces touchées, le plus tôt possible en saison, avec des prises de bec régulières quand certains exigent, à juste titre, et que d’autres traînent les pieds pour faire.

Si j’illustre avec mon exemple sur Chabeuil : un courrier aux agriculteurs dès mars avant qu’ils n’interviennent pour les tournesols et autres plantes semées au printemps ; un article dans le bulletin municipal en avril pour les habitants ; 3 tournées de parcelles fin juin, fin juillet et fin août avec demande expresse de détruire les plantes, le dernier avec mise en demeure sous peine d’amende ; une réunion bilan avec la mairie et l’agglo.

On entend dire depuis quelques années que l’ambroisie est une affaire de sécurité publique ou encore un enjeu de santé publique. Au delà des mots qu’est-ce que cela signifie ? Quel avenir se prépare-t-on si on continue à parler sans agir ?

La Santé publiques est la raison pour laquelle des arrêtés préfectoraux ont été pris avant qu’un décret de loi ne soit signé par 3 ministres en avril 2017. Mais les Préfets se déchargent sur les maires pour faire la police sur les territoires. Certains maires sont très vigilants, d’autres beaucoup moins….

Il ne faut pas oublier que dans les secteurs très exposés, comme la vallée du Rhône, un habitant sur 5 souffre d’allergie au pollen d’ambroisie,. Cette pollinose augmente les risques pour les asthmatiques. Compte tenu de la montée constante du taux de prévalence, il faut conclure que la lutte actuelle est insuffisante, notamment parce que les surfaces concernées progressent toujours. Dans nos campagnes, l’avenir est donc sombre, il nous faudra vraisemblablement vivre avec. Et un des messages de l’association est : mobilisez vous sur les fronts de colonisation, en gros, au nord d’un axe Dijon -Paris-Nantes.

Site internet : http://www.stopambroisie.com/

Photo : Ardeche-actu