Polaire c’est un duo originaire de Viviers qui mélangent les styles pour créer le sien. Instinctif, spontané et engagé, ils vont à leur rythme pour bien faire, s’entourer des bonnes personnes et créer une musique qui leur ressemble.

Polaire, le groupe n’est pas en froid avec la société on espère ?

Et vous faites bien d’espérer parce que ça nous donne la joie de répondre positivement à vos espoirs ! C’est une question vraiment intéressante alors on va prendre le soin d’y répondre en profondeur. Même si Polaire est avant tout un groupe de musique, au-delà de la personnalité artistique de notre duo, il est vrai que nous sommes très attaché à l’identité sociale de Polaire. Nous sommes très ouverts et très curieux de toutes les idées et de tous les points de vues qui puissent exister, nous sommes respectueux de ceux et celles qui pensent différemment de nous ou de façon originale. Nous sommes partisans du dialogue, de l’échange et de la pédagogie et pas de l’affrontement permanent qu’on observe dans les échanges sur les réseaux sociaux autour des questions de société, échanges qui semblent dominé par les émotions, la réaction et les ego. Je disais donc que nous sommes ouverts, à l’écoute et respectueux, nous aimons échanger, nous aimons le contact. Mais il est vrai que nous ne prétendons pas être neutre, n’avoir aucun avis sur la société. Il y a des choses en lesquelles nous croyons, il y a des principes que nous avons envie de porter, de défendre et si possible d’incarner au mieux que nous le pouvons. Nous n’avons pas peur de dire ce que nous pensons en restant ouvert à la critique et notre pensée évolue. On est ok pour dire ce qu’on pense et être capable de se remettre en question. On peut dire que les choses auxquelles on croit n’ont pas forcément le vent en poupe, nos idées ne sont pas celles qui donnent au pouvoir la direction qu’il prend, ici comme ailleurs. Mais ça ne fait pas de nous des ermites ou un groupe en froid avec la société. Au contraire, on aime arpenter le terrain, les lieux de vie sociale, les lieux de rencontre, les lieux de culture, on aime la collision, on a soif des autres.

On est en chaud avec la société, on brûle de rêves et d’envies ! On aime trop les gens pour être en froid avec ce qui nous unit. À notre façon on essaye de créer du langage, de la compréhension, de la compassion avec nos chansons. On cherche à ce que les gens se comprennent mieux, se rencontrent. Même quand on fait des chansons révoltés, des chants de colère c’est l’amour qui nous guide et qu’on essaye de transmettre, de raconter.

Alors pourquoi Polaire ?

Ça fait quelques années qu’on avait envie de créer un nouveau projet qui s’appellerait Polaire après Paul Et Mickey (notre ancien groupe rock français). C’est difficile d’expliquer pourquoi Polaire, c’est assez intuitif, c’est assez mystérieux, on le sentait bien c’est tout. Ça sonne bien, il y a un lien avec le nom de notre ancien groupe, une continuité mais une indépendance aussi, une nouveauté assumée.

Je crois que ça nous plaît de donner une explication différente au choix du nom Polaire à chaque fois qu’on nous le demande. C’est même pas pour troller c’est parce qu’on pourrait trouver mille explications et comme on est très proche des gens qui nous suivent on adore que notre communauté spécule là-dessus !

Quels sont vos parcours dans la musique  ?

Moi, Adrien, je grattais un peu de guitare acoustique pour rêvasser et en espérant que ça m’aiderait à plaire aux filles, changer le monde avec de belles paroles et de belles mélodies qui toucherait les gens. Avec le temps je me suis pris au jeu, en 2009 Baptiste et moi on a fondé un trio punk/rock The Unknown où on s’est exercé à quelques reprises de groupes emblématiques de notre adolescence (Noir Dèz, Téléphone, Trust, U2, Green Day, Luke, Nirvana, Mickey 3D, Placebo). On a vite changé de nom pour devenir Paul Et Mickey et on a fait des chansons et des concerts juste pour donner de l’énergie jusqu’en 2013. On a fait les premières de Louis Bertignac, Déportivo, Aaron, Zebda, Massilia Sound System, The Dodoz et surtout beaucoup de concerts caritatifs, de tremplins, de bistrots.

En 2015 on a enregistré notre premier EP qu’on a défendu sur scène. C’était une grosse influence pour nous à l’époque. Paul Et Mickey a ensuite évolué vers un duo de BhamsaDuta (Baptiste) et moi pendant quelques années où nous avons fait des expériences musicales pour nous affranchir de nos pères artistiques. On a clippé tout ça sous le nom de la mixtape « Vol De Nuit » sur notre chaîne Youtube.

Autour de 2018 on est remonté sur scène pour « Mortel Amour » notre dernier double EP très personnel avec des influences électroniques expérimentales, post-rock, chanson française, trap. Ça a plutôt bien marché pour des gosses sans le sous et indépendants comme nous. Les concerts étaient fous, les médias s’y sont intéressés, les gens ont kiffé, on a créé de beaux liens. En parallèle BhamsaDuta a commencé à faire des chansons en solo, des spectacles vidéo, des musiques de films, des musiques de jeux vidéos, des expérimentations artistiques, musicales, plastiques, multimédia. Il rencontre son public aussi dans un genre très différent.

Enfin nos faits d’armes les plus récents sont la création de Polaire, la sortie de notre premier EP éponyme « Polaire » ainsi que de trois clips (Rentabilité Santé, Shinjū, Femme De Rechange) tous trois dans des registres variés. Et surtout la création de notre nouveau spectacle sur scène pour lequel on se donne comme des fous !

Comment le groupe a vu le jour ?

Le groupe Polaire c’est un vieux rêve qui prend vie. On avait envie depuis longtemps de s’essayer à autre chose que la musique alternative. On est toujours dans la recherche et la sincérité mais on va vers quelque chose de plus universel, un son plus accessible qui touche directement le cœur. On essaye de se trouver dans plus de simplicité. C’est le premier confinement qu’on a passé ensemble qui nous a fait nous dire « ça y est, le moment est venu ». On en parlait depuis longtemps, on s’est mis au boulot à ce moment. On s’est retrouvé comme au début dans la cave de chez nos parents en Ardèche et on a laissé s’exprimer ces choses qui nous travaillaient depuis si longtemps. On est qu’au début mais c’est une belle voie qu’on a prise. La bonne je ne sais pas, mais la belle oui.

Polaire est traversé par un élan vital insensé mêlant beats électroniques, références trap et composition pop/rock. Ce premier EP éponyme est-il difficile à classer ?

On essaye de créer de la musique qu’on aimerait entendre si on ne la faisait pas. Et ce qu’on aime beaucoup chez les artistes que l’on aime c’est l’inattendu. On adore surprendre. On adore se surprendre. On aime travailler à la confluence de ce qui émane naturellement de nous et ce qui nous demande un effort, un arrachement. Nos processus de créations sont lents parce que nous ne voulons pas faire de la musique pour faire de la musique. Nous voulons chercher. On ne sait pas ce qu’on cherche mais on le cherche et faire des chansons c’est notre façon à nous de chercher. Dans ce cadre c’est vrai qu’on se soucie peu des conventions, des cases et des étiquettes, on se sent libre.

Dans cet EP, vous vous confrontez sans pudeur à des sujets pour le moins épineux et variés. On trouve aussi bien des thèmes mélancoliques autour de la perte, du manque, de l’absence que des textes à l’engagement politique audacieux et sans détour. On jongle d’une écriture poétique à l’atmosphère triste à une écriture incisive, directe et parfois même humoristique. Comment se passe le lien avec le public lorsqu’on offre un objet si riche certes mais complexe ?

Celui qui pleure et celui qui rit ont en commun d’être touchés. Dans un cas comme dans l’autre, l’émotion passe, le lien est établi. C’est vrai qu’on propose des choses très différentes, des sensations en montagnes russes mais on aime ça. C’est comme ça qu’on se sent à l’intérieur, c’est une bonne chose pour nous d’arriver à retranscrire ce sentiment dans son amplitude et sa diversité. On a pas peur de la contradiction, on a pas peur de se tromper, on a pas peur de se retourner ou de bondir en avant. On respire avec nos chansons, on essaye de leur injecter toutes les choses qui nous animent et le public ressent ça. Les gens sentent que c’est vrai et se reconnaissent, la relation qui nous lie aux gens qui nous suivent est intense. C’est une vraie histoire d’amitié autour de la musique.

Vous semblez très spontané, comment arrivez-vous à gérer tous vos projets ?

On est très spontané alors on ne contrôle pas vraiment tout ce qu’on fait mais si on peut faire tant de choses ensemble et en parallèle c’est parce qu’on a une grande confiance l’un en l’autre et parce qu’on est très bien entouré. BhamsaDuta et moi (Adrien Sabadel) on se connaît très bien, on a vécu beaucoup de choses ensemble, on a traversé beaucoup d’épreuves, des choses magnifiques comme des choses terribles. Ça nous a forgé un lien très fort, on se connaît bien et on se porte mutuellement, on se nourrit mutuellement et on lâche rien.

Vous dites que vous êtes très bien entouré, vous travaillez avec des artistes ?

On travaille avec Yann Guénard (La Cascade, Les Nouveaux Nezs, La Compagnie Émilie Valentin) sur différents aspects de notre projet au cours de résidences artistiques dès qu’on en trouve l’occasion. Par exemple, on a travaillé trois semaines au théâtre de Viviers (07) par l’intermédiaire d’Éric Prenot et Marie-Pierre Moulin-Chaix. Pendant ces semaines on a essayé de mettre en lumière la cohérence, le fil conducteur entre les chansons de notre premier EP « Polaire », comprendre l’histoire que ça raconte, les histoires qui se croisent, s’enchevêtrent. Yann nous aide étrangement à savoir ce qu’on a à se raconter à nous-même, ce qu’on a à s’avouer, ce qu’on veut dire aux gens. Une fois qu’on a ce fil conducteur et cette substance, notre récit, on construit une mise en scène, une vraie chorégraphie, on travaille sur les lumières, le son, la scénographie, le visuel, notre façon de nous présenter, de nous représenter, de nous mettre en scène pour que le message passe. Les gens avec lesquels on travaille sont plus que des professionnels, ce sont des ami-es. Ce sont des gens que l’on aime et qui nous aiment et avec lesquels on a quelque chose à faire/à dire ensemble. On se fait confiance, il y a une grande bienveillance, une grande générosité, c’est un partage magnifique qui a lieu avec ces rares rencontres.

Après ce premier EP déjà remarqué quelles sont vos envies pour un avenir proche ?

En collab’ avec des association de danse et de militantisme autour des questions de santé on a fait un premier clip qui s’appelle «Rentabilité Santé» qui a été relayé par La Bajon, Anne Roumanoff, le Collectif Santé En Danger. C’était une expérience super cool qui nous a fait rencontrer des gens cool, nous éclater bien, faire quelques festivals en stream. On a travaillé avec Jean-Christophe Sanchez pour le clip du second single «Shinjū» qui parlait de la difficulté à assumer d’être soi-même quoi qu’en pensent les autres. C’était un bonheur de travailler avec Jean-Christophe qui est toujours plein de bonnes idées, innovant, audacieux et hyper investi. Donc pour parler de projets on est en train de réaliser un troisième clip par nos propres moyens «Femme de Rechange», il devrait sortir prochainement, on fait de notre mieux !

Ensuite on va sûrement faire quelques arrangements sur certains de nos titres comme «Lucides Hallucinations» avec une version acoustique ou remixée. On retravaillera sûrement avec Jean-Christope Sanchez parce que c’est trop génial pour s’en passer. On a quelques concerts qui se préparent, quelques compositions sur le feu, quelques surprises dans les manches. Pour toutes les dates le mieux est de nous suivre sur la page Facebook de Polaire. On se rapproche également de la SMAC pour se former à exercer mieux notre métier et aller plus loin dans la rencontre avec le public !

Vous nous parlez de ce premier EP depuis le début de l’interview mais comment fait-on pour le trouver ou l’écouter ?

L’EP « Polaire » du duo Polaire est disponible sur 250 plateformes de streaming notamment les plus connues excepté Amazon.
Vous pouvez le trouver par exemple sur Spotify, Deezer, ITunes, AppleMusic, SoundCloud.

Sinon bien entendu il sera disponible sur notre chaîne Youtube au fur et à mesure des clips ou des lives sessions qu’on sortira. Tout y est accessible gratuitement et depuis nos débuts, tu peux t’y abonner gratuitement pour être au courant de toutes nos sorties. D’autant que les clips sont importants pour nous, on prend beaucoup de plaisir à s’occuper de cet aspect de nos chansons, on adore ça. On est très actifs et réactifs sur la chaîne.

Chaîne YouTube du groupe Polaire : https://www.youtube.com/user/pauletmickey07