On pourrait presque dire de Gille Louatron que c’est un influenceur pour la protection des rivières. Avec sa page ART DÉCHET, il sensibilise avec humour à la pollution des milieux aquatiques. Il plonge régulièrement dans l’Ardèche pour remonter tout un tas de détritus et les met ensuite en scène pour éveiller les consciences.

Un déclic

Sans emploi, il a d’abord décidé de suivre une formation de technicien de rivières afin d’asseoir des bases techniques. Pêcheur, il a cessé cette activité afin de préserver le peu de poissons encore présent. La disparition de leur nourriture que sont les insectes ayant participé à leur déclin. Il cherche alors un moyen d’avertir le public sur la pollution et l’impact des ordures sur l’environnement.

Une page Facebook pour sensibiliser

Il choisit un moyen humoristique pour sensibiliser à la protection des milieux aquatiques avec la création d’une page Facebook et la mise en scène des ordures retrouvées. Il rappelle également que lorsque l’on laisse un déchet l’été en rivière, les crues automnales vont pousser ces déchets vers la mer. Il faut rappeler que 80% des déchets que l’on retrouve dans le milieu maritime proviennent des rivières. Pour donner un ordre de grandeur de l’ampleur du désastre, on retrouve aujourd’hui environ 700 tonnes de déchets par jour dans la Méditerranée. De son point de vue, si on nettoyait mieux les rivières en amont, on pourrait éviter cela.  On pourra aussi rappeler l’existence d’un sixième continent, ou l’île aux déchets du Pacifique qui au moins aussi grande que la France. Cette île est faite de plastique et autres ordures flottantes.

Pour ses saynètes, il ajoute des personnages comme Captain America, des playmobils ou encore les lapins crétins. Une manière de donner vie à la situation et attirer l’attention des plus jeunes. Il propose également des sessions de sensibilisation aux ramassages des déchets mais ne participe pas à d’autres actions collectives. Pour lui, de telles actions se préparent en amont, pour que tout se passe dans des conditions de sécurités optimales (vaccins, sécurisation des lieux surtout si présence d’enfants lors du ramassage). Il faut bien évidemment faire de la sensibilisation auprès des plus jeunes mais ils ne sont pas là pour pallier aux défaillances des adultes qui polluent.

Des plongées régulières

Il plonge quasi quotidiennement et remonte des déchets depuis plus de 20 ans des fonds de notre belle rivière l’Ardèche. Il les met ensuite en scène en vidéo ou en photo pour les publier sur sa page Facebook ou TikTok. Il y a bien sûr les classiques comme les mégots, les cannettes, bouteilles ou bouchons mais aussi des moins ordinaires : des tambours de machines à laver, des bouteilles de gaz ou des pneus. Lorsque vient l’été, des tongs, des armatures de tentes, palmes ou sandales de plage font leur apparition. Dans les détritus les plus insolites apparaissent un dentier ou encore une paire de béquille. Évidemment, depuis l’an dernier le déchet, « à la mode », c’est le masque. Qu’il soit jetable ou non, il en retrouve 2 ou 3 par jour. Dans des centaines d’années, on se souviendra de la COVID via ce déchet.

Les générations actuelles sont bien plus sensibles à ces questions que leurs prédécesseurs mais c’est avec tout le monde que nous pourrons réussir à dépolluer notre terre et nos rivières. Pour cela, il faudra certainement changer nos habitudes, nos manières de faire, de nous déplacer ou de consommer. Des emplois pourraient également être créés pour nettoyer les abords des rivières hors saison estivale et éviter que les crues n’emportent tout cela vers la mer. Merci Gille de réfléchir à des solutions long terme, de nous sensibiliser sans forcément nous culpabiliser, nous inciter plutôt que nous taper sur les doigts. Alors foncer voir sa page pour le soutenir et l’aider à alerter le public mais aussi les pouvoirs publics sur la pollution des milieux aquatiques.

Crédit photo : ART DECHET